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Entrevue avec Marc Tardif, votre nouveau président de l’ICA

Cet article a été publié initialement dans l'(e)Bulletin de l’ICA.

Cet article est une transcription d’une entrevue récente présentée dans notre série de balados Voir au-delà du risqueFrançois Cloutier, vice-président aux communications de la Direction de la recherche, s’entretient avec notre président Marc Tardif. Le balado, réalisé en français, est également disponible sur iTunes et Spotify.

François : Bonjour et bienvenue à Voir au-delà du risque, une série de baladodiffusions de l’Institut canadien des actuaires. Je m’appelle François Cloutier et je suis vice-président des relations de la Direction de recherche de l’ICA. Aujourd’hui, nous avons l’occasion de discuter avec le nouveau président de l’ICA. J’ai donc avec moi, Marc Tardif, qui nous parlera de ses projets et des objectifs pour l’année à venir à la présidence de l’ICA. Bonjour Marc et merci de te joindre à nous pour le balado.

Marc : Merci François. Ça me fait plaisir.

François : Maintenant que tu es président de l’ICA, quels sont tes trois principaux objectifs?

Marc : Bien, un de mes souhaits, c’est de convaincre tous les étudiants en actuariat qui comptent poursuivre une carrière dans le domaine à joindre l’ICA. En écrivant leurs examens, ils sont exposés soit à la Society of Actuaries ou à la Casualty Actuarial Society, mais ils doivent réaliser que c’est, à mon avis, l’ICA qui va le mieux les supporter, et puis les représenter lorsqu’ils entreprendront une carrière au Canada. L’ICA s’assure même que la désignation d’associé ou de Fellow demeure bien acceptée dans plusieurs pays, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Australie. Je voudrais même ajouter que les actuaires canadiens qui travaillent et qui n’auraient pas encore rejoint nos rangs reconsidèrent leur décision. Nous sommes prêts à les accueillir.

Quant à ma deuxième priorité, elle est d’augmenter le bénévolat. Nous comptons d’excellents bénévoles. Je crois que nous en avons à peu près un peu plus de 500, mais nous avons près de 800 postes disponibles. Ce n’est pas qu’on a 300 postes vacants. C’est plutôt que plusieurs bénévoles occupent plus d’un poste. Et je les remercie énormément, mais comme le bénévolat auprès de l’ICA est si gratifiant, j’aimerais vraiment voir d’autres membres devenir bénévoles. Je m’adresse à nos membres de tous les groupes d’âge, mais particulièrement aux jeunes qui peuvent trouver intimidant de joindre les commissions ou les directions établies depuis longtemps. Les responsables de celles-ci sont prêts à les accueillir et à les intégrer. Nous commençons aussi à constituer des groupes de travail dont les mandats seront plus courts, comme de trois à six mois, et porteront sur des sujets beaucoup plus pointus. Ce qui pourrait peut-être plaire à des gens qui ne veulent pas s’engager peut-être pour deux ou trois ans, comme les commissions, mais qui souhaiteraient contribuer au bénévolat.

Finalement, mon troisième objectif, dans le but de prendre l’expérience d’autres organisations et d’accroître les possibilités d’emploi pour nos membres au Canada et à l’international. Je souhaite continuer l’excellent travail de notre Direction des affaires publiques pour faire connaître la profession à un plus large public. Nous venons d’exprimer une opinion sur la possibilité pour les Canadiens de prendre leur retraite un peu plus tard. Nous venons de soumettre à nos membres une ébauche de position sur les risques financiers des changements climatiques. De telles opinions montrent au public en général que les actuaires peuvent contribuer dans des domaines moins traditionnels. À l’international, nous rencontrons régulièrement les associations actuarielles des États-Unis, du Mexique, de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Afrique du Sud et de l’Australie. Nous échangeons avec eux sur des sujets comme la formation, les domaines de pratique, nos succès et même nos échecs. Nous leur montrons que la formation que nous exigeons de nos nouveaux membres et de ceux qui se sont qualifiés il y a plusieurs années est vraiment pertinente. Ils devraient de ce fait être prêts à accueillir des membres de l’ICA pour combler des postes sur leur territoire. Voilà mes trois objectifs principaux.

François : Merci, c’est excellent. Dans le fond, c’est trois objectifs qui, je crois, vont pouvoir amener l’ICA à un autre niveau, davantage sur des focus pertinents. Marc, comment s’est déroulé ton année en tant que président désigné? Comment est-ce que tu t’es préparé pour ton mandat à la présidence?

Marc : Bien, je pense que je vais commencer par ma préparation à la présidence. J’avais vraiment commencé, je dirais, il y a quelques années quand je me suis présenté aux réunions du Conseil. À l’époque, j’étais président de la Direction des services aux membres. Je n’avais pas le droit de vote, comme tous les présidents de direction, mais j’ai quand même regardé le Conseil aller et j’ai vu comment il opérait. Par la suite, j’ai été élu comme administrateur et j’ai passé trois années de plus au Conseil. Il me fallait, semble-t-il, un apprentissage encore plus approfondi.

Finalement, pendant mon année à la présidence désignée, j’ai assisté et observé le président de très près. J’ai aussi rencontré les représentants de plusieurs associations internationales. Quant à l’année de président désigné, elle est très active, car en plus des réunions du Conseil dont j’ai déjà fait mention et les rencontres internationales, on essaie d’assister à plusieurs rencontres des six directions. Le président désigné est aussi appelé à rencontrer les clubs actuariels. Ma tournée a compris d’Ouest en Est : Calgary, Winnipeg, Waterloo et Toronto. Je n’ai pas oublié Québec. Ma rencontre avec Québec a été reportée et je les visiterai probablement à l’automne. Et je viens d’apprendre il y a quelques jours que London vient de s’ajouter à la liste. J’ai rencontré beaucoup de jeunes actuaires très dynamiques. Je pense que la profession est entre de très bonnes mains. J’ai aussi représenté l’ICA à l’Association nationale des étudiants en actuariat. Cette organisation-là m’a grandement impressionné et le président désigné de la Society of Actuaries, qui était aussi présent, a lui aussi été tout aussi impressionné.

François : Excellent, Marc. Tu as mentionné que l’ICA a certaines relations et discussions avec d’autres associations ou entités d’actuaires à travers le monde. Comment est-ce que tu catégoriserais ces relations entre l’ICA et ces autres associations ou instituts, comme la SOA, la CAS, l’IFoA ou les autres?

Marc : C’est une bonne question, François. Évidemment, on côtoie beaucoup plus la SOA et la CAS. On les côtoie très régulièrement et nos relations avec ces deux organisations-là sont, je dirais, excellentes. On apprécie grandement que la CAS, par exemple, a accepté il y a quelques années notre système de crédits universitaires, mais on espère encore que la SOA le fera un jour. Je comprends que c’est difficile pour eux. Il y a certains problèmes d’acceptation, mais on a encore un souhait que ça viendra un jour. On a demandé à ces deux organisations aussi, qui nous pourvoient en examen, de développer le matériel qui va être requis pour assurer la formation adéquate pour faire face à l’IFRS 17 et les deux ont très bien répondu. Même si sur le territoire américain, l’IFRS 17 ne s’appliquera pas autant qu’au Canada. Quant à l’IFoA, l’organisation de Grande-Bretagne, nous partageons du matériel éducatif avec eux et on participe à des recherches conjointes. La relation est aussi très bonne. On les rencontre au moins deux fois par année. Je pense que j’ai déjà parlé un peu des rencontres bilatérales que nous tenons deux fois par année avec des organisations actuarielles internationales, telles que celles de France, Australie, Afrique du Sud et Mexique. Et je ne dois pas oublier l’Association actuarielle internationale où des membres de l’Institut sont très actifs. Une preuve de notre grande implication est que le Canada a pu désigner un membre, Dave Pelletier, au groupe de travail formé pour étudier le projet de réorganisation de l’AAI. À mon avis, ça prouve que la voix du Canada, du côté de l’association internationale est considérée comme importante et c’est tant mieux.

François : Excellent. Dans le fond, on peut constater que tu es quand même très présent sur LinkedIn et que tu publies et partages différents contenus sur ce média-là. Est-ce que l’ICA sera plus présent sur les réseaux ou les médias sociaux dans les prochaines semaines ou prochains mois? Et si oui, sur quelle plateforme et surtout dans quel but?

Marc : Ça, c’est une question un peu piège, je dirais. D’abord dans les réseaux sociaux, nous sommes sur FacebookTwitter et LinkedIn. De mon côté personnel, j’ai seulement joint professionnellement LinkedIn. Et depuis que je suis impliqué au niveau du Conseil et maintenant à la présidence de l’Institut, j’en profite pour un peu souligner les succès des bénévoles, des sujets d’intérêt pour nos membres. J’essaye d’intervenir de façon un petit peu ponctuelle pour souligner ces points-là et montrer ce que nos membres produisent, ce que l’Institut publie et qui est partagé. Moi aussi je trouve que c’est intéressant, je trouve qu’on fait du bon boulot. Alors, c’est à peu près le style de mes interventions.

Maintenant, tu posais aussi la question, François, à savoir si l’Institut va augmenter sa présence sur les réseaux sociaux. Comme je te dis plus tôt, ça fait cinq ans maintenant que je participe à des réunions du Conseil et on reçoit des relevés au moins une fois ou deux fois par année, sinon plus; des relevés de nos interventions de l’Institut dans les différents réseaux sociaux. Je sais que l’Institut, par exemple, est présent sur Facebook, sur Twitter et évidemment sur LinkedIn. Comme je l’ai dit, dans mon cas personnel, je ne participe qu’à LinkedIn, donc je ne vois que ces interventions-là directement sur mon téléphone ou sur mon ordinateur. Mais par contre, les relevés que je reçois comme membre du Conseil m’indiquent que l’activité de l’Institut est très grande, aussi dans les deux autres que j’ai mentionnés et possiblement d’autres que je connais un peu moins personnellement. Maintenant, je sais aussi que notre service de communication est entre de très bonnes mains. Il était sous la gouverne de Les Dandridge ou l’est encore jusqu’à très bientôt; Les prend sa retraite. Mais d’un autre côté, il va maintenant être sous la direction de Sandra Caya et Sandra est très active et impliquée dans ces réseaux sociaux. Alors je pense bien que l’intervention de l’Institut vont être aussi grandes et probablement même plus grandes.

François : Merci Marc. Selon toi, quels sont les plus grands défis auxquels fait face la profession et les actuaires présentement?

Marc : Je dirais, au début des années 2000, l’industrie de l’assurance-vie, par exemple, a connu une forte consolidation. Les assurances IARD, selon moi, n’ont pas encore atteint ce niveau de consolidation. Il est possible que ça se produise, mais peut-être pas. Je ne souhaiterais pas avoir plus de postes. Mais on sait aussi que du côté des régimes de retraite, les prestations déterminées, par exemple, sont de moins en moins populaires. Bien que les régimes existants vont continuer encore pendant plusieurs années, il y aura éventuellement moins de postes dans ce secteur-là.

Alors, du côté de l’assurance, on a un peu de compensation je dirais, parce que le modèle d’évaluation, le « pricing », puis les modèles de calcul de capital requis sont de plus en plus sophistiqués et complexes et qui semblent exiger encore plus d’actuaires. On sait que la période de transition qu’on connaît maintenant en assurance avec l’IFRS 17 va sûrement exiger des postes d’actuaires pendant cette transition. Puis ça devrait durer quelques années. Éventuellement, il est possible que certains postes disparaissent, puis c’est à nous de continuer à démontrer au public que les actuaires peuvent jouer un rôle plus grand dans les secteurs traditionnels et surtout, je dirais dans les secteurs où ils sont présentement peu nombreux.

L’ICA va continuer à faire la promotion de la profession, pour s’assurer que la formation initiale et la formation continue de ses membres leur permettra d’occuper des rôles dans ces nouveaux postes. Je pense à l’analyse prédictive par exemple, c’est un domaine où les actuaires sont très impliqués dans leur industrie, mais on souhaite qu’ils s’impliquent aussi dans des domaines non-traditionnels. Et on voit des succès. On va tout faire pour que ça continue. On a aussi la gestion des risques qui date d’un peu plus longtemps. On a développé des capacités de ce côté-là et on essaie de voir à ce que les actuaires jouent des rôles dans des secteurs non-traditionnels. Il va falloir aussi s’adapter à l’intelligence artificielle, quel choc elle va produire dans tous les domaines, dont le domaine actuariel. Mais, tout choc constitue aussi des occasions. Ça sera à nous comme Institut d’assurer que la formation qu’on donne à nos membres leur permettra d’avoir du succès lorsqu’il y aura des chocs et qu’ils seront prêts à faire face à la musique.

François : Oui, je pense que c’est une bonne et belle vision des choses. Si on se tourne maintenant sur un ton un petit peu plus général, on dit qu’on est souvent plus occupé à la retraite que quand on était activement au travail. Est-ce que c’est vrai dans ton cas, Marc?

Marc : Bien, il faut dire qu’en ayant accepté de devenir président de l’Institut canadien avec les trois années que ça comporte, ça a comme comblé un peu le trou que je pouvais avoir. Je suis très impliqué et ça me demande pas mal de temps. Maintenant, autrement que ça, bien oui, on voyage un peu plus, évidemment, on s’occupe autour de la maison. J’ai commencé à faire un peu plus d’exercice physique, donc entraînement deux, trois fois par semaine. Disons, que le temps passe encore rapidement. Peut-être pas tout à fait aussi rapidement que lorsque je me présentais au bureau tous les matins, mais disons que je ne m’ennuie pas trop.

François : Oui, effectivement. Est-ce que tu aurais un mot de la fin pour terminer, Marc?

Marc : Bien, le mot de la fin, presqu’à toutes les présentations que je fais, comme j’ai dit plus tôt, il y a les clubs actuariels, il y a l’ANÉA et les associations et les réunions, par exemple, du congrès qui a eu lieu à Montréal la semaine dernière, je reviens toujours avec le même message. Je veux que les actuaires canadiens se sentent bien dans l’Institut canadien, qu’ils se sentent impliqués, qu’ils trouvent des défis au niveau de leur bénévolat et qu’ils voient des opportunités. Je suis prêt aussi à écouter ces actuaires-là s’il y a des choses qu’ils veulent – des questions qu’ils veulent soulever, des points de vue qu’ils veulent exprimer, on est disponible et on cherche de l’information.

Comme toute situation de direction d’entreprise ou direction d’organisation, on ne peut pas garantir qu’on va écouter toutes les observations, mais plus on a d’observations, plus ça nous donne un peu le pouls de notre organisation. Donc, n’hésitez pas à communiquer avec moi personnellement, avec nous au niveau des membres du Conseil et au niveau du siège social, on va vous écouter et on va regarder qu’est-ce qu’on peut faire. Mais en bout de ligne, j’ai besoin de nouveaux bénévoles. On en a besoin de plus en plus. Il y a de plus en plus de défis à relever et plus on a d’idées, de différents groupes d’âge, je pense qu’on va être en mesure de faire bouger notre profession dans la bonne direction en ayant l’ « input » de tout le monde.

François : Je pense que ça conclut bien notre balado d’aujourd’hui. Merci beaucoup, Marc d’avoir pris le temps de partager tes observations avec nous aujourd’hui.

Marc : Merci, François. Ça été un plaisir de vous donner un peu d’idées sur ce qui se passe dans ma tête.

François : Donc, en mon nom personnel et au nom de tous les membres de l’ICA, je te souhaite la meilleure des chances et bon succès dans tes projets durant ton année à la présidence de l’ICA.

Marc : Merci, au revoir.

Je m’appelle François Cloutier et merci d’avoir été écouté Voir au-delà du risque.

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