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Cinq choses que j’ai apprises en étudiant pour les examens d’actuariat

Cet article a été publié initialement dans l'(e)Bulletin de l’ICA.

Par Jing Lang, FICA

Juillet 2014. Le troisième jour de mon voyage en Europe en solitaire, j’arrivais au fameux Duomo de Florence, en Italie, cathédrale de style gothique dont la construction a pris plus de 140 ans et qui attire des visiteurs des quatre coins du monde. Malgré toute sa majesté et la présence de hordes de touristes armés de perches à selfie, j’avais la tête ailleurs. J’actualisais frénétiquement toutes les cinq secondes la page de résultats des examens de la Society of Actuaries.

Puis, enfin, les résultats étaient là! J’ai parcouru la liste avec empressement à la recherche de mon numéro de candidate soigneusement mémorisé. J’avais réussi! J’ai tout de suite envoyé un texto à mon mari. Sa réponse : « Dieu merci! » Ensuite, comme s’il avait senti que j’allais mettre en question le ton de sa réponse, un autre message est rapidement arrivé : « Tu n’es pas la seule à passer des examens, ma chérie! » J’ai éclaté de rire; oui, je lui en ai fait voir de toutes les couleurs.

J’avais attendu ce moment pendant 10 ans, à partir du moment auquel j’avais passé mon premier examen pendant la deuxième année d’université, jusqu’à la réussite de ce dernier examen. Les décennies ne sont pas si nombreuses dans la vie d’une personne. Même si j’étais profondément fière de ma réalisation, je n’ai pas pu m’empêcher de réfléchir à ce que j’avais appris pendant mon parcours.

1) Éviter de donner libre cours aux sentiments personnels

Je connais plusieurs personnes brillantes qui n’ont jamais échoué à un seul examen d’actuariat, ce qui n’est pas mon cas. Je mentirais si je disais n’avoir jamais eu le sentiment de ne pas être assez intelligente pour devenir actuaire. Ayant toujours tendance à intérioriser les résultats, je me suis rendu compte que cela empirait pendant que j’étudiais. Lorsque je n’arrivais pas à saisir un certain sujet, je me disais « je suis stupide ». Quelqu’un qui extériorise pourrait se dire « Cette matière défie toute logique ». Il m’arrivait de me décourager à un point tel que je n’arrivais plus du tout à étudier.

J’ai fini par apprendre à séparer mes sentiments du reste. Je me disais : « C’est à cause de la matière, pas à cause de moi. » Si je ne comprenais pas la matière telle qu’elle était présentée, je trouvais une autre façon de comprendre. Je dois dire que le fait de ne pas remettre constamment mon intelligence en question m’a aidée à réaliser d’immenses progrès.

2) Apprendre à apprendre

Après 10 ans d’études actuarielles, ce que j’ai appris, en fait, ce n’est pas tant la façon d’évaluer si une police d’assurance-vie universelle réussirait le test d’exonération ou les pratiques exemplaires relatives à l’établissement d’hypothèses liées aux frais pour un bloc de rentes variables. J’ai plutôt développé mon sens analytique et acquis une capacité d’évaluer n’importe quel problème et de trouver des solutions judicieuses, des compétences que je peux appliquer bien au-delà du domaine actuariel.

J’ai aussi appris à me connaître et à savoir ce qui me convient le mieux. J’ai appris que j’étais visuelle et que le meilleur moyen pour moi de renforcer les apprentissages consiste à les reformuler par écrit dans mes propres mots. J’ai appris que ma durée d’attention était relativement brève et que j’avais besoin de prendre des pauses ou de changer de matière toutes les trois heures pour rester productive. J’ai appris que ma productivité est à son meilleur le matin. J’ai donc commencé à me lever à 5 heures chaque matin afin d’étudier un bloc de trois heures avant de me rendre au travail (une habitude que je maintiens toujours).

3) Le progrès plutôt que la perfection

La patience n’est pas chez moi une vertu innée et l’impatience et le perfectionnisme ne vont pas de pair. J’ai passé bien des nuits à ressentir frustrations et découragement et à ne pas me satisfaire des progrès réalisés dans mon étude. Mais avec le temps, j’ai appris à me fixer des objectifs quotidiens et de petits jalons. Lorsque je me concentrais sur la matière à étudier, que je célébrais mes petites victoires en ayant confiance en mon plan et en mon processus d’étude, je me sentais rassurée et je savais que je réalisais des progrès.

4) Une chose – et seulement une – à la fois

Mon esprit saute instinctivement d’un sujet à l’autre, ce qui peut entraver ma capacité de me concentrer sur une seule chose, tout à fait l’opposé de celui d’une personne qui possède une capacité de concentration unique et qui peut rester scotchée sur une matière pendant des heures. Si mon mode de pensée multitâche peut parfois m’être très utile, il m’était difficile de me concentrer sur une seule partie de la matière sans en laisser 10 autres s’ouvrir en cours de route. Avec le temps, j’ai dû apprendre à « étiqueter » mes pensées et à les reporter à plus tard.

5) Choisir ses batailles, puis les aborder avec le sourire

Un ancien collègue qui était conseiller principal m’a dit un jour : « Étudier, c’est un travail à temps plein en soi; lorsqu’on a en plus un travail exigeant, il faut parfois privilégier l’un au détriment de l’autre. » Je me suis rendu compte que je n’étais pas aussi disciplinée que d’autres quant au temps consacré à l’étude. Lorsque j’étais bien occupée au travail, ce dernier avait préséance sur l’étude. Puis, sachant que je mettais en péril la progression de mon étude en choisissant de travailler tard, je devenais grincheuse et j’ai probablement fait peur à quelques personnes.

Puis, un jour, je me suis rendu compte que je devais être en paix avec mes choix. Si je choisissais d’accorder la priorité à mon travail par rapport à mon étude, je devais l’accepter et cesser de mettre ma décision en doute. Me mettre dans un état d’esprit négatif n’avait rien de positif pour quiconque.

Depuis ce jour d’été de 2014, j’ai obtenu mon titre de Fellow de la Society of Actuaries et de l’Institut canadien des actuaires. Lorsque j’y repense, je me dis que c’était une mission douce-amère. Cela n’a pas été un long fleuve tranquille, mais ce parcours semé d’essais et d’échecs, puis d’autres essais (puis de réussites!) m’a enseigné beaucoup de choses sur moi-même et sur la vie. Avec du recul, je peux dire que c’est le parcours qui a le plus d’importance.

Toutefois, l’étude ne se termine pas lorsqu’on devient Fellow. Le monde évolue si rapidement que la seule constante est le changement. C’est à force de beaucoup d’apprentissages que l’on peut demeurer au sommet. Lorsque je me décourage, je repense à cette citation tirée du film Bienvenue au Marigold Hotel : [Traduction libre] « Tout sera pour le mieux à la fin; si tout n’est pas pour le mieux, alors ce n’est pas la fin. »

Jing Lang, FICA, est vice-présidente, gestionnaire de produits, chez iptiQ. Elle est aussi bénévole au sein du Groupe consultatif de Voir au-delà du risque de l’ICA. Mme Lang fait aussi du bénévolat au sein de la Society of Actuaries à titre de productrice de balado et de trésorière de la section du marketing et de la distribution.

Cet article reflète l’opinion de l’auteur et il ne représente pas une position officielle de l’ICA.

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