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Des assurances au secteur des services bancaires : passage vers une carrière actuarielle non traditionnelle

Par Sheng Tseng, FICA

Mon début de carrière

Le premier stade de ma carrière actuarielle doit ressembler à celui de la plupart des actuaires. J’ai obtenu un diplôme en actuariat et j’ai réussi quelques examens de la SOA, puis j’ai intégré une grande compagnie d’assurance dans le cadre de son programme de rotation en actuariat.

Quelques années plus tard, j’ai fait mon entrée dans un cabinet-conseil international en actuariat, où j’ai participé pendant plusieurs années à des projets actuariels traditionnels et non traditionnels (principalement liés aux placements) pour des clients. J’étais bien intégré dans ma carrière d’actuaire lorsque je suis entré chez TD Assurance, où j’ai continué à acquérir de l’expérience en actuariat non traditionnel.

Pourquoi une transition vers le secteur des services bancaires?

Bien que tous mes emplois en actuariat aient été stimulants et enrichissants, j’avais besoin d’un changement pour des raisons professionnelles et personnelles. La démutualisation accomplie, le travail au sein du cabinet-conseil (soit les conseils aux assureurs s’inscrivant à la bourse) avait ralenti. Ainsi, pour obtenir des heures facturables et faire évoluer ma carrière, la principale option était de voyager à l’étranger.

Malheureusement, cela tombait mal pour moi, car j’avais un nouveau-né à la maison. Au lieu de réintégrer des fonctions actuarielles au sein d’une grande compagnie d’assurance, je me suis dit que le moment était venu d’assouvir ma curiosité pour d’autres possibilités de carrière en actuariat. Par chance, une actuaire de mon réseau quittait son poste non traditionnel à la TD Assurance. J’ai donc communiqué avec elle pour me renseigner au sujet du poste qu’elle quittait.

J’en suis venu à conclure que je courais peu de risques à entrer à la TD Assurance pour explorer le travail actuariel au sein d’une banque et à tenter par la suite d’y accéder à d’autres.

Les défis que j’ai surmontés dans le secteur

Lorsqu’on change d’emploi, il est toujours difficile de s’adapter à une nouvelle culture d’entreprise. Je pourrais donner plusieurs exemples issus de mon expérience, mais je vais me concentrer sur ceux qui sont les plus susceptibles d’être vécus par les actuaires qui passent au secteur des services bancaires.

Vu la nature de mes employeurs précédents (soit une grande compagnie d’assurance et un cabinet-conseil en actuariat) et des fonctions que j’avais occupées, je travaillais principalement avec d’autres actuaires ou avec des personnes habituées à travailler avec des actuaires. Mais ce n’était plus le cas. J’ai donc vite compris que je devais absolument adapter mon style de communication à un auditoire plus diversifié. Il me fallait non seulement éviter le jargon technique et la terminologie actuarielle, mais aussi personnaliser le message en fonction des équipes (p. ex., risques, produits ou ventes) avec lesquelles je travaillais.

J’ai donc axé d’abord mes efforts sur la rédaction des messages compréhensibles et pertinents pour les différents auditoires non actuariels plutôt que sur l’obtention de résultats.

J’ai également dû me familiariser avec le langage utilisé par les banquiers, y compris dans le cadre des activités d’assurance de la banque. La plupart de mes collègues étaient des banquiers dont l’emploi constituait une occasion de perfectionnement. Ils présumaient donc que je connaîtrais moi aussi le jargon bancaire courant. Il y avait non seulement une nouvelle terminologie, ce qui est normal, mais aussi parfois diverses interprétations d’un même mot. Par exemple, lorsque je qualifiais une obligation à cinq ans de court terme dans les portefeuilles de placement des assurances ou des régimes de retraite, cela créait une certaine confusion, car les banquiers considèrent qu’il s’agit de long terme étant donné que les bilans des banques sont beaucoup plus courts.

Enfin, j’ai aussi dû m’habituer au fait que les équipes dirigeantes dans le secteur des services bancaires ne sont pas composées d’actuaires, contrairement aux équipes de mes emplois précédents avec lesquelles j’ai travaillé. Il y avait donc moins de modèles pertinents dont je pouvais m’inspirer sur le plan du parcours et du perfectionnement professionnels. Cela m’a toutefois permis d’être plus conscient des divers autres parcours professionnels et des nombreuses façons différentes de progresser au sein de l’organisation.

Les avantages d’être actuaire au sein d’une banque

Les gens des banques ont tendance à accorder d’emblée beaucoup de mérite aux actuaires pour leurs compétences techniques. Bien que la plupart des banquiers n’aient jamais travaillé avec des actuaires, ils connaissent leur réputation de professionnels très techniques ou de type quantique qui ont travaillé très fort pendant des années pour réussir un grand nombre d’examens professionnels difficiles. Il n’est donc pas rare qu’on entende au sein d’une banque : « Oh, vous êtes actuaire, vous devez être très fort en tout ce qui concerne les mathématiques! »

Au risque d’exagérer, je dirais que les compétences techniques des actuaires ont tendance à impressionner facilement les banquiers en général. La conception de modèles de feuilles de calcul élaborés ou complexes constitue une façon de faire bonne impression. Un exemple qui me vient à l’esprit est celui du calcul de l’impact de l’intérêt composé selon différentes interprétations de la loi sur les contrats des clients. Dans ce cas, pour m’assurer de ne négliger aucune situation possible, j’ai dû avoir recours à l’intensité d’intérêt dans l’un de mes scénarios, ce que je pensais ne jamais voir ailleurs que dans les examens d’actuariat!

Enfin, l’avantage le plus important associé au fait d’être actuaire dans une grande banque réside dans la variété de façons de se perfectionner sur le plan professionnel. Je suis très reconnaissant d’avoir eu l’occasion de perfectionner mes compétences dans divers domaines, dont l’actuariat d’entreprise en assurance vie, les finances et la direction financière, la gestion des placements en assurance, la gestion des placements en matière de régimes de retraite, l’assurance habitation et automobile et la gestion des capitaux au sein d’une banque.

La plupart de ces domaines requièrent une certaine expertise actuarielle et, comme la banque comptait peu d’actuaires, on m’a souvent offert la possibilité d’assumer et d’apprendre ces fonctions.

Avec le recul, je suis heureux d’avoir opté pour une carrière moins traditionnelle dans le secteur des services bancaires. Compte tenu de l’expérience que j’ai mentionnée ci-dessus, ainsi que de nombreuses possibilités de perfectionnement professionnel structuré offertes aux employés des banques, j’ai pu acquérir un ensemble polyvalent de compétences professionnelles.

Un dernier conseil aux personnes qui souhaitent suivre cette voie

Pour travailler dans une banque, il peut être utile d’avoir le sens de l’aventure et d’oser prendre des risques. Comme on dit dans le domaine des placements, les récompenses les plus importantes requièrent souvent une certaine part de risque. Cela a été fructueux pour moi, comme pour beaucoup d’actuaires que je connais qui ont choisi un parcours en actuariat moins conventionnel.

Cet article présente l’opinion de son auteur et ne constitue pas un énoncé officiel de l’ICA.

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