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Vivre seul à la retraite : Un risque amplifié par le sexe

Une proportion croissante de femmes de la génération du baby-boom finiront par vivre seules à des âges plus avancés avec un revenu limité lorsque les problèmes de santé et d’activité quotidienne deviendront plus lourds. C’est vers la fin du stade intermédiaire et vers le stade avancé de la retraite que de nombreuses femmes se retrouveront seules et devront composer avec des problèmes financiers et non financiers – nous appelons cela le « stade de la vie seule à la retraite ».

Dans Défis auxquels sont confrontées les Canadiennes vivant seules à la retraite, les auteurs Douglas Andrews, FICA et Lori J. Curtis visent à démêler les défis des personnes vivant seules à la retraite et à présenter des recommandations pour améliorer les conditions et les résultats des Canadiennes qui se retrouvent dans cet état vulnérable.

L’écart entre les sexes

La documentation reconnaît trois formes de retraite : premier stade (65 à 74 ans), stade intermédiaire (75 à 84 ans) et stade avancé (85 ans et plus). Les besoins en ressources financières suivent un modèle en U : ils sont élevés au premier stade alors que les aînés sont actifs, plus faibles au stade intermédiaire à mesure que les retraités s’adonnent aux routines à la maison, et de nouveau élevés au stade avancé à mesure que la santé se détériore et que les activités de la vie quotidienne deviennent plus difficiles.

Tout d’abord, une petite mise en garde : l’épargne-retraite doit provenir d’une vie professionnelle stable – un privilège auquel nombre de baby-boomers de sexe féminin n’ont pas eu accès ni la possibilité d’avoir accès.

Les femmes baby-boomers, plus que les cohortes précédentes, ont divorcé ou ne se sont pas mariées (Curtis et Rybczynski, 2015). Dans les cas où elles se sont mariées, l’homme était généralement le principal soutien économique, avec une épargne et un revenu de pension plus élevés. Fait intéressant, les deux scénarios désavantagent de façon disproportionnée les veuves et les célibataires. Cette situation pourrait être attribuable à une multitude de cofacteurs, mais elle découle probablement d’une planification insuffisante ou d’un mauvais calcul de la durée du patrimoine et des autres ressources.

Le nombre de femmes vivant dans la pauvreté l’emporte certainement, et jusqu’à quatre fois, sur le nombre d’hommes vivant dans la pauvreté, selon le stade de la vie seule à la retraite.

Bien que les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes, ce qui les rend plus susceptibles de vivre seules à la retraite, cela ne signifie pas que les hommes plus âgés sont exemptés. Cependant, malgré le fait que les femmes représentent un pourcentage plus élevé, les taux de pauvreté et les écarts ne diffèrent pas autant selon le sexe qu’on l’a présumé. Voilà une constatation qui a accru l’incertitude, car l’espérance de vie des hommes augmente, ce qui signifie que le nombre d’hommes vivant seuls à la retraite est en hausse.

Un nombre croissant de retraités pauvres

La plupart des Canadiens sont mal préparés à la retraite, sous-estimant leur durée de vie prévue de près de quatre ans, ce que confirme le Sondage 2020 sur les risques liés à la retraite de l’ICA.

En raison des progrès en santé et en médecine et le fait que le groupe d’âge qui connaît la croissance la plus rapide au Canada est celui des 90 ans et plus, les projections montrent que le nombre de centenaires doublera d’ici 2031.

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans les groupes plus âgés (plus de 88 % des centenaires sont des femmes). Toutefois, l’espérance de vie des hommes au Canada a augmenté plus rapidement que celle des femmes (3,6 mois par année pour les hommes et 2,4 mois par année pour les femmes), ce qui contribue en partie à la faible diminution de la proportion de femmes vivant seules à la retraite.

Mais même si cela signifie que certains couples peuvent vieillir ensemble plus longtemps, cette possibilité fait bien peu pour faire mentir la statistique lamentable selon laquelle les taux de pauvreté chez les aînés augmentent au Canada, particulièrement chez les femmes, et plus encore chez les femmes vivant seules.

Environ 216 000 personnes âgées de 65 ans et plus, soit 3,5 % de la population âgée, vivaient dans la pauvreté en 2018, ce qui représente peu de changement par rapport à 2017. Le taux de pauvreté était de 1,7 % chez les aînés vivant en famille et de 7,9 % chez les aînés vivant seuls. Malgré ces statistiques, on a peu mis l’accent sur les femmes vivant seules à la retraite en général ou sur le stade avancé de la retraite en particulier.

La solution

Une approche stratégique pour réduire la pauvreté chez les personnes qui vivent seules à la retraite consisterait à majorer le Supplément de revenu garanti (SRG). En analysant deux niveaux différents de subventions supplémentaires, les auteurs estiment que le coût annuel de ces niveaux se chiffrerait à environ un milliard de dollars au départ (selon des données de 2015).

« Même si l’estimation de l’incidence n’est pas susceptible d’être précise en raison des limites des données dont il a été question précédemment, nous croyons qu’un tel coût est abordable, commente Douglas. Cette information contribuerait grandement à améliorer la vie des aînés canadiens les plus vulnérables, et nous exhortons les gouvernements à agir rapidement. »

Les auteurs du rapport ont également examiné des solutions de rechange en matière de logement au Canada, pour constater que seules les personnes ayant un important patrimoine sont susceptibles d’avoir la possibilité de vivre dans un établissement où elles peuvent recevoir une gamme de soins à mesure qu’elles vieillissent, au fil de l’évolution de leurs besoins en matière de soins. Les exemples des stichtings aux Pays-Bas et de Whiteley Village au Royaume-Uni fournissent une orientation sur la façon dont le Canada pourrait adopter une approche de vieillissement chez soi plus abordable que celle qui existe à l’heure actuelle.

Les répercussions de la pandémie sur les établissements de soins de longue durée (SLD) ont également été largement prises en compte dans les recommandations du rapport. Le nombre élevé d’infections et de décès dus à la COVID-19 chez les personnes qui résident ou travaillent dans des établissements de SLD a soulevé une préoccupation d’ordre public qui ne pouvait plus être ignorée et qui nécessite des changements pour améliorer la qualité et l’abordabilité des SLD.

« Pour gérer la hausse des coûts globaux des SLD, il faut augmenter les revenus publics (généralement grâce à des impôts plus élevés ou à de nouvelles taxes), réduire les dépenses dans d’autres secteurs, augmenter les déficits de l’État ou combiner ces approches, explique Lori. Compte tenu de l’ampleur des déficits qu’encourt l’État pour répondre aux besoins sanitaires et économiques accompagnant l’intervention liée à la COVID-19, nous soupçonnons qu’il y aura peu d’intérêt pour une augmentation des déficits gouvernementaux une fois que la pandémie sera réputée sous contrôle. Par conséquent, les propositions stratégiques que nous formulons touchent l’intensification des réformes fiscales et liées aux dépenses. »

Que les préoccupations d’une personne soient financières, sociales ou liées à la santé, les conséquences du vieillissement seul à la retraite peuvent constituer une perspective difficile. Voilà ce que le rapport vise à atténuer.

« Ce document est un important appel à l’action, affirme Douglas. Nous espérons qu’en cernant le vieillissement seul à la retraite et certains des défis auxquels font face les personnes qui le vivent, on augmentera la sensibilisation du public et améliorera les résultats et les conditions de ceux qui se retrouvent à cette étape vulnérable de leur vie. »

Lire le rapport complet.

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