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L’avenir, c’est maintenant : l’incidence révolutionnaire qu’aura le GPT-4 sur la profession actuarielle

Par Harrison Jones et Andrew McLeod

La profession actuarielle a toujours fait usage des technologies de pointe pour assurer une meilleure prise de décision et améliorer les prédictions. Depuis les premières machines à calculer jusqu’aux développements de logiciels, l’évolution technologique a continuellement façonné la manière dont les actuaires abordent l’analyse des données et l’évaluation des risques. Maintenant, avec l’avènement d’outils avancés d’intelligence artificielle (IA) et d’apprentissage machine (AM) comme le programme GPT-4 d’OpenAI, la profession s’apprête à vivre une autre transformation importante.

GPT-4 est un logiciel puissant capable de comprendre le langage humain et de le générer. Il peut servir à rédiger des dissertations, des articles, des courriels ou même du code informatique. Il est conçu à partir d’une grande quantité de données textuelles et est capable de comprendre le contexte et de générer un texte semblable à l’écriture humaine. Il suffit d’y saisir un message-guide.

Un exemple d’utilisation de ChatGPT, expliquant comment GPT-4 peut bénéficier au travail actuariel.

En plus d’être un outil intéressant, GPT-4 est un indicateur des améliorations récentes et des capacités des modèles d’AM et d’IA adaptées au monde réel. Comme le mentionnent de récents articles (en anglais seulement), des versions du programme GPT ont réussi des examens du MBA de l’école Wharton et du permis d’exercice de la médecine aux États-Unis et ont déjà commencé à produire des programmes informatiques intermédiaires. Dans un récent épisode du balado « All-In » (en anglais seulement), le spécialiste du capital-risque Chamath Palihapitiya a même affirmé que cela signifiait la fin du modèle commercial modèle SaaS (software-as-a-service) tel que nous le connaissons. En lien direct avec les actuaires, GPT-4 s’est récemment fait poser des questions de l’examen CAS 9. Il a échoué à l’examen, mais cela ne veut pas dire que les versions futures du GPT ne seront pas capables de le réussir.

Un exemple de la polyvalence de ChatGPT.

On peut considérer l’offre d’OpenAI et les outils semblables comme des « modèles de base » s’accompagnant de possibilités et aussi de risques. Ils révolutionneront assurément au cours des années à venir la façon dont les actuaires abordent leur travail. Dans cet article, nous nous pencherons sur les bons et les mauvais côtés de l’effet des modèles de base sur la profession actuarielle, à la fois en général et en particulier en ce qui concerne le programme GPT-4.

Les modèles de base

Les modèles de base sont conçus à partir d’un vaste ensemble de données, généralement de très grands volumes de données, et ont la capacité d’accomplir tout un éventail de tâches généralisées. D’un point de vue technique, ils ne sont pas nouveaux. Ils se fondent toujours simplement sur l’apprentissage profond et l’apprentissage individuel supervisé, lesquels existent depuis plusieurs années. La nouveauté réside dans l’ampleur et dans la complexité de la conception des nouveaux modèles de base. Par exemple, on dit que ChatGPT-4 a été conçu à partir de plus d’un billion de paramètres.

Dans le domaine des modèles de base, les considérations éthiques, politiques et sociales liées à l’adoption généralisée de ces modèles commencent à faire l’objet de bien des discussions. L’homogénéisation, par exemple, est susceptible d’exacerber les forces, les faiblesses, les biais et les idiosyncrasies d’un modèle de base utilisé dans divers domaines sans être adapté. Les actuaires doivent être conscients des avantages et des inconvénients du recours à ces types de modèles dans leur travail. Nous les abordons en détail dans la partie suivante.

Quelle est ou quelle sera l’incidence de ChatGPT sur l’avenir du travail actuariel?

Bien que le recours à des modèles linguistiques avancés comme le GPT-4 comporte assurément des avantages éventuels, il convient aussi de prendre en considération les inconvénients possibles :

Effets négatifs possibles

  • La diminution des besoins en actuaires : Le programme GPT-4 pourrait avoir comme effet négatif sur la profession actuarielle de réduire le besoin en actuaires dans certains domaines vu l’automatisation de certaines tâches auparavant effectuées par des humains. Par exemple, GPT-4 pourrait servir à rédiger des rapports, analyser des données et créer des documents propres à l’actuariat, tels que les rapports de l’actuaire désigné et d’autres rapports financiers. Cela pourrait entraîner des pertes d’emplois et une baisse de la demande en actuaires dans certains domaines.
  • La cybercriminalité et la fraude : L’utilisation possible de GPT-4 pour concevoir de nouvelles formes de cybercriminalité et de fraude est une autre incidence négative possible sur la profession actuarielle. Par exemple, des criminels pourraient créer, au moyen de GPT-4, des robots de conversation qui se font passer pour des humains et qui incitent les gens à fournir des renseignements de nature délicate. Le programme GPT-4 pourrait aussi être utilisé pour créer de faux documents et de fausses demandes de règlement, ce qui rendrait plus difficiles la détection et la prévention des fraudes d’assurance. Les compagnies d’assurance et les organismes de réglementation se verraient dans l’obligation de consacrer des ressources importantes à l’élaboration de nouvelles méthodes de reconnaissance et de vérification de l’authenticité des demandes de règlement et des documents, ce qui entraînerait une augmentation des coûts pour les assureurs et les assurés, ainsi qu’un fardeau réglementaire accru pour le secteur des assurances, entre autres choses.

Effets positifs possibles

  • L’amélioration de l’efficacité et de la précision : L’un des avantages les plus évidents associés au GPT-4 pour la profession actuarielle réside dans la possibilité d’améliorer considérablement l’efficacité et la précision de tâches telles que la rédaction de rapports et l’analyse de données. Le programme GPT-4 est en mesure de produire tout un éventail de documents propres à l’actuariat, ce qui pourrait permettre de réaliser d’importantes économies et d’améliorer la prise de décision dans le secteur.
  • Les modèles actuariels avancés : Le programme GPT-4 pourrait servir à élaborer des modèles actuariels plus avancés et plus sophistiqués, ce qui présente un autre avantage possible pour la profession actuarielle. On pourrait ainsi améliorer la précision des prédictions et la qualité des avis au sein de la profession actuarielle.
  • Les explications en langage naturel : Enfin, le GPT-4 pourrait servir à générer des explications en langage naturel pour des modèles actuariels complexes, ce qui les rendrait accessibles et compréhensibles pour un plus vaste public. Cela pourrait donner lieu à une meilleure communication et à une transparence accrue au sein du secteur, ce qui donnerait lieu, en fin de compte, à des plans d’action mieux optimisés, à des clients mieux informés, ainsi qu’à la pénétration et à la visibilité accrues du travail actuariel en général.

Cette liste est loin d’être exhaustive et il existe sans aucun doute diverses possibilités encore insoupçonnées. Il est toutefois clair que l’incidence possible du programme GPT-4 sur la profession actuarielle est une question complexe dont il convient de soupeser les effets tant positifs que négatifs. Il importe aussi de mentionner que le GPT-4 n’est que le début. En effet, de nouvelles avancées, notamment une version professionnelle payante plus rapide de ChatGPT (en anglais) et le programme GPT-5 (et les prochaines versions), qui offrira des capacités accrues en programmation informatique pertinente pour le travail actuariel, sont déjà en cours d’élaboration. Au fil de l’évolution de la technologie, il est crucial que la profession actuarielle demeure vigilante et s’adapte à ces changements afin de veiller à conserver sa pertinence.

Conclusion

Depuis de nombreuses années, les actuaires se demandent : « En quoi l’AM et l’IA affecteront-ils mon travail? » La réponse a toujours conceptualisé un avenir dans lequel l’AM et l’IA sont en mesure de faciliter notre travail et de rendre nos modèles plus puissants, en s’accompagnant toutefois d’un risque pour la vie privée et du risque d’introduire des biais dans nos modèles. Essentiellement, cette réponse de base n’a pas changé avec l’avancement récent des modèles de base. Elle donne toutefois l’impression que cet avenir conceptuel représente davantage le présent.

Comme toujours, les actuaires doivent demeurer à l’affût des nouvelles technologies. Ces modèles avancés d’AM et d’IA ont un rôle à jouer, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. Si vous avez besoin de plus de preuves, demandez-vous qui a rédigé cet article.

Cet article a été rédigé par des humains et présente leurs opinions. Il ne constitue pas un énoncé officiel de l’ICA.

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